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Incarcération et réinsertion des femmes en France
La Fondation M6 a fait de la réinsertion des personnes détenues son axe de travail depuis sa création. Au 1er février 2018, la France compte 2 482 femmes incarcérées soit 3,8% de la population carcérale : il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 10 ans[1]. Qu’en est-il de leurs conditions d’incarcération et de leurs perspectives de réinsertion ?
Leur présence minoritaire engendre des difficultés pendant l’incarcération, qui compliquent leur réinsertion
- Sur les 188 établissements pénitentiaires que compte la France, 2 sont entièrement réservés aux femmes (centre pénitentiaire de Rennes et maison d’arrêt de Versailles) et 56 sont dotés de quartiers spécifiques => L’éloignement géographique de leurs proches complexifie le maintien des liens familiaux et sociaux
- La majeure partie des femmes sont incarcérées dans des « quartiers femmes » de prisons pour hommes, ce qui limite leur accès au travail et aux activités (sport, actions culturelles…) => Cet isolement concoure à la désocialisation des femmes
- Une surveillance assurée par des personnes de même sexe, à l’exception des personnels d’encadrement qui peuvent être des hommes (principe s’appliquant aux femmes incarcérés mais pas aux hommes) => Cette mixité limitée creuse un peu plus le fossé entre la vie carcérale et la vie à l’extérieur
- Un difficile accès à l’achat de vêtements féminins : dans certains établissements accueillant des femmes, seuls des vêtements masculins sont disponibles dans les catalogues de « cantine », destinés à l’achat de produits de la vie courante par les personnes détenues => L’accès à cette féminité est pourtant nécessaire à la reconstruction d’une image de soi.
- Un accès restreint au régime de la semi-liberté (au 1er septembre 2015) [2] :
- 64 places réservées sur 1048 places dans 10 centres ou quartiers de semi-liberté
- Sur les 755 condamnés placés en semi-liberté, 10 étaient des femmes
=> Alors qu’elles composaient 3,2 % de la population carcérale, elles représentaient moins de 1,3 % des personnes bénéficiant d’un placement en semi-liberté.
Malgré ces difficultés, un taux de récidive inférieur pour les femmes
Une enquête de 2011[3] a conclu à une probabilité de recondamnation deux fois plus faible pour les femmes que pour les hommes : 34% des femmes de la cohorte sont à nouveau condamnées dans les 5 ans contre près de 60% des hommes.
[1] Source Administration pénitentiaire : http://www.justice.gouv.fr/art_pix/Mesure_mensuelle_incarceration_Fevrier_2018.pdf
[2] Source Contrôleur général des lieux de privation de liberté : http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2016/02/joe_20160218_0041_0089.pdf
[3] Source Administration pénitentiaire : http://www.justice.gouv.fr/art_pix/cahierd’etude36.pdf