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Fleury fait son cinéma : le palmarès de la 6ème édition
Après deux semaines de projections et de rencontres sur le thème des différences, la 6ème édition du festival Fleury fait son cinéma s’est clôturée avec la cérémonie de remise des « Masques d’or » le lundi 2 décembre.
Un « droit à la culture » pour tous
Organisée par la Fondation M6, le pôle culture du service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Essonne et la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, la cérémonie de remise des « Masques d’or » a rassemblé au sein de la maison d’arrêt des femmes les membres du jury, des représentants de l’administration pénitentiaire, plusieurs collaborateurs du Groupe M6, ainsi que des femmes détenues. Plusieurs professionnels du cinéma mobilisés lors des projections étaient également présents pour partager ce moment avec le jury.
L’après-midi a débuté avec le visionnage du court-métrage Féeroce de Fabien Ara abordant le thème du genre. Le réalisateur a partagé son point de vue sur la différence, considérant qu’elle était aujourd’hui « de plus en plus assumée et mise en valeur ».
Animée par Nathalie Renoux, journaliste M6 et marraine de la Fondation M6, la cérémonie a été l’occasion de rappeler l’importance de la culture dans un parcours de réinsertion. Catherine Schöfer, administratrice de la Fondation M6 et directrice de Paris Première et Téva a souligné que « par les ponts qu’il crée avec l’extérieur, et notamment les professionnels du cinéma, Fleury fait son cinéma est un véritable outil d’ouverture et de compréhension du monde ». Laurent Ridel, directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris, a insisté sur l’originalité du festival, celle de rassembler au sein d’un même jury personnels pénitentiaires et personnes détenues : « La force de ce festival, c’est d’amener les membres du jury – personnes détenues et personnels pénitentiaires – à sortir de leur posture habituelle. Quand on sort de sa posture, il y a de belles rencontres à faire. »
Pierre Pech, directeur de la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis s’est adressé aux membres du jury incarcérés : « J’espère que vous saurez profiter de cette expérience pour saisir les opportunités qui s’offriront à vous ». Mariama Mendes, directrice pénitentiaire d’insertion et de probation pour l’antenne de Fleury-Mérogis, a souligné l’importance des partenariats entre tous les acteurs pour ce festival « emblématique et représentatif de l’offre culturelle de Fleury-Mérogis ».
Des différences pour mieux se (re)trouver
Malgré leurs différences – âge, statut, origines, goûts cinématographiques mais aussi aisance à évoluer dans un groupe – chacun des membres du jury a trouvé sa place au fil du festival et s’est exprimé lors des délibérations et sur scène, lors de la remise des 6 « Masques d’or » aux films primés.
Si les avis ont parfois été divergents sur les films, un point les a rassemblés : la parenthèse offerte par ces deux semaines de rencontres. Pour L., surveillante pénitentiaire, le festival a « permis de faire tomber les barrières qu’il peut y avoir entre les personnes détenues, les conseillers d’insertion et nous, les surveillants. Ça contribue à apaiser les relations, on a vraiment passé de bons moments. »
Deux films récompensés
Six « Masques d’or » ont été décernés lors cette cérémonie, récompensant 2 films :
– Le prix du meilleur film : Get out de Jordan Peele
– Le prix du meilleur scénario : Safy Nebbou pour Celle que vous croyez
– Le prix de la meilleure réalisation : Jordan Peele pour Get Out
– Le prix de la meilleure interprétation masculine : Daniel Kaluuya pour Get Out
– Le prix de la meilleure interprétation féminine : Juliette Binoche pour Celle que vous croyez
– Le prix de la bande originale : Michael Abels pour Get Out
Si Get Out a fait l’unanimité parmi les membres du jury, ils sont également revenus lors de la cérémonie sur les nombreux autres films qui les ont touchés : Les Invisibles, pour la mise en lumière d’une population oubliée, Mauvaises Herbes pour les trajectoires de vie de ses personnages – auxquels plusieurs membres du jury se sont identifiés, Hasta la vista pour ses personnages « enfermés dans leur propre corps » ou encore Celle que vous croyez pour l’influence des réseaux sociaux dans les relations interpersonnelles…
Comme l’a souligné K, membre du jury : « J’ai été amené pendant le festival à regarder des films auxquels je ne me serai pas intéressé quand j’étais dehors. J’ai été touché par ces films, c’est une découverte. »
Sabrina Ouazani, actrice et marraine du festival 2019, venue à la rencontre du jury en amont du festival et lors des délibérations, a souligné dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie la qualité d’analyse et l’implication du jury 2019. Le jury a été marqué par l’énergie, l’enthousiasme dont elle a fait preuve lors de ces deux rencontres et évoquent un large sourire aux lèvres « le grand rire de Sabrina, qui résonne encore dans la salle polyculturelle de l’établissement ».
Fleury fait son cinéma – comme l’ensemble des actions culturelles menées en détention – est également l’opportunité d’impliquer la société civile dans le milieu carcéral et d’amener chacun à changer son regard sur la prison et les personnes détenues.
Crédits photo : © Aurélien Faidy / M6